Quand on arrive à Vienne, on ne peut t'ignorer. Tu trônes fièrement sur le Mont-Salomon là-haut, comme un témoin privilégié des vicissitudes de la vie des Viennois. Depuis près de 900 ans, tu en as vu justement des tas de vies...

De belles histoires assurément, il y en a forcement toujours. Mais tu as surtout côtoyé la folie des hommes qui dans leurs génies t'ont bâti mais aussi en grande partie détruit. 

Pourquoi ?

Nous savons tout deux de quoi mon espèce est capable... Mais l'ironie ( qui peut être assez cocasse ) a voulu, veut et voudra que tu nous survives encore bien longtemps. 

Ce qui est au final plutôt marrant... 

On ne peut malheureusement pas de visiter. Tu appartiens si j'ai bien compris au domaine privée. Ton accès est bouclé. Le peu de photos de toi en témoigne...

Je t'ai "shooté" à plusieurs reprises de bien loin et suis partiellement satisfait. Je sais que tu peux m'offrir tellement plus.

Dans mes recherches, j'ai néanmoins cru percevoir une ( petite ) faille dans ton isolement forcé. On m'a d'ailleurs confirmé qu'il serait possible par des chemins de traverses de t'approcher. 

Un jour prochain, je tenterai l'aventure.

Je ne te donne pas de rendez-vous car je n'ai aucune certitude temporelle quand à notre réelle rencontre, mais attends-toi un de ces jours à voir débarquer en catimini et d'un pas hésitant un passionné avec son attirail...

A bientôt, l'ami !

Ces secondes qui deviennent des semaines,

m’écorchant toujours plus sur tes chaines.

                     O' Brother !

               Seul au monde...

Plume ( mon héroïne éponyme du jour )

            Entre gris et gris foncé.

Il est presque midi, il fait froid. Ce petit bout du Rhône s'est nappé pour l'occasion de son apparat brumeux. Le minuscule quai désert sur lequel je me trouve est jonché d'innombrables morceaux de bois drainé par le fleuve.
Ambiance fin du monde, idéal pour une pose longue, me dis-je... 

                             Muhammadali from Karachi, Pakistan

Rendez-vous pris 15 minutes plus tard, sur le parking d'une célèbre chaîne de burger ( qui une fois avalé ( le burger), te fait amèrement regretter de nouveau d'avoir lâché des thunes pour un truc aussi dégueu...).

J'ai pris le Nikon, car très inspiré par la voix de mon interlocuteur.

Notre deal effectué, nous discutons un peu.

Il m'apprends qu'il étudie l'informatique en France depuis 3 ans. On parle de son pays le Pakistan, de sa situation politique assez dramatique, de sa fille à l'orée de ses premiers jours. Je le sens un peu ému...

Nous aurions pu je pense nous engager dans une boucle verbale sans fin, mais lui comme moi sommes irrémédiablement rattrapés par le temps qui nous manques.

Alors simplement, je lui demande si je peux le photographier, un large sourire éclaire son visage.

Un parking, ce n'est pas l'idéal pour un portrait, de plus à midi la lumière est très dure...
Faisant fi de ces contraintes, je le place contre un mur, je shootes 2 fois. Je lui montre les photos, note son adresse mail et le remercie chaleureusement. 

Il s'en va, son lit sous le bras. Je file retrouver mes cartons.

Tarbes, mai 2013.

Vertical

                  Le Rhône m'a fait un cygne !