06/12/2010

Les croix brûlent toujours

Midi arrive enfin, mon ventre crie famine depuis un long moment et c’est avec un plaisir non dissimulé que j’accueille la pause repas qui je l’espère seras à la hauteur de mes ambitions culinaires.
Depuis quelques jours je monte des structures métalliques pour le grand festival annuel du plus important comité d’entreprise français. Travail très physique ma fois mais au grand air. En plein mois de juin mon bronzage sera parfait pour la période estival qui pointe le bout de son nez.
Je prends place au milieu de cette grande tablée qui de l’avis général laisse supposer un déjeuner plutôt copieux. Le restaurant se trouve à quelques dizaines de mètres de notre lieu de travail et est agrémenté d’une superbe piscine, des baigneurs ne manquent d’y trouver un plaisir légitime. Plutôt sympa comme cadre pour l’orgie gustative qui s’annonce.
Le repas est à la hauteur de mes attentes, et au milieu de mes nouveau collègues une véritable fratrie, l’ambiance est bonne enfant. Les discussions vont bon train tournant principalement sur les taches de l’après midi qui arrive.
Un groupe de jeunes filles d'origine africaines s’approche d’un pas tranquille vers le bassin, longeant le restaurant, seul voie d’accès vers la petite bleu.
Immédiatement et à ma grande surprise les hostilités verbales de mes compagnons se déclenchent. 


- C’est pas interdits aux boukaks ?
- Il va falloir désinfecter la piscine, sinon j’vais pas baigner.


L’assemblée est hilare, je suis mortifié. J’ai honte et envie de leurs dire de fermer leurs sales gueules mais je ne dis rien. Je ne trouve pas le courage de taper du poing sur la table et dire ce que je pense de leur lamentable dialectique.
La faim m’a abandonné, j’ai trop honte de mon silence et sans un mot je ne finis pas mon repas regardant les monstres du jour se goinfrer comme des porcs. 


Pascal, juin 2005. Lesparre Médoc.
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Il est atterrant de constater que de nos jours encore une frange de la population française est animée d’un sentiment haineux pour les personnes différentes d’elle.
La méconnaissance engendre la peur et la haine c'est bien connus et cela prévaut malheureusement dans bien des cas de figures. Il y a encore beaucoup de travail ( la théorie de l'évolution chère à Darwin ne doit s'appliquer manifestement que de manière sélective..)  pour faire évoluer certaines mentalités encrées dans des considérations d’un autre age.


Tous différents, tous égaux....

2 commentaires:

  1. Toujours aussi bien écrit,bravo Pascal
    et très belle conclusion
    " Tous différents tous égaux "
    Bonne journée, bisous

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  2. Merci Mariette !
    Des gros bisous pour ton petit bout....

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