Le jour d'après

Il y a trois jours sonnait le glas de mes 39 ans. J'y ai beaucoup pensé ces derniers mois, appréhendant quelque peu quoi qu'on en dise cette étape.

Le jour venu, rien ! 

Bizarrement j'étais presque animé d'un timide sentiment de fierté... Le soir nous avons bu le champagne dans la plus stricte intimité et conté de vieux souvenirs familiaux. C'était parfait, je n'avais pas envie de plus. 

Nous étions loin de la fantastique fête de mes 30 ans, célébré comme il se doit avec ma douce, ma jumelle et la fratrie au complet dans le pittoresque petit restaurant médocain de Benjamine et à des années lumières de la gigantesque beuverie de mes 20 ans où au matin une inconnue dans les bras, je regrettais sûrement ce trop plein d'alcool, mon crâne aux abîmes et l'absence de sexe je suppose...

Ce matin, je me suis réveillé vers 5 h. Il faisait tellement chaud, la veille au soir que je décidais de me laisser aller au sommeil dans le salon où la fournaise se faisait plus discrète. J'ai tourné un peu, essayant de me rendormir mais rien n'y fit. 

Accompagné de mon fidèle breuvage caféiné au maximum, j'ai regardé l'éphéméride sur le net : levée du soleil 6 h 19.

Mon parti pris, j'ai traînassé un peu, le temps m'appartenant pour une fois...

Arrivé à destination, les prémices du jour s'annonçaient.

J'ai sorti mon trépied, y ai posé mon Nikon ( mode manuel, MAP sur l'infini ) et j'ai regardé le spectacle avec des yeux d'enfants, déclenchant de temps à autre pour capturer ces instants parfois irréels que seul l'alchimie des éléments sait nous offrir.

Je suis resté là une bonne heure, comme seul au monde serein et tellement bien. 

Fumant quelques clops bien sur, j'ai vagabondé, papillonné et croqué sans retenue ces 40 ans laissant loin, très loin certains maux me contentant de boire le monde tel qu'il s'offrait à moi : extraordinaire.